– Est-ce important que les enfants repèrent le phonème pour apprendre à lire ?
– En fait notre langue repose sur ce codage phonème/graphème… donc pas moyen d’échapper à ce repérage !
– Certains enfants ne trouvent pas cela facile !
– Non, ce n’est pas facile ! Le phonème est une unité très abstraite quand on ne sait pas lire, très petite, très fugace et qui ne se prononce même pas tout à fait pareil selon son environnement ! Au début du mot, à la fin, avec tel ou tel autre phonème notre [b] ne sonne pas toujours exactement pareil, pourtant il va falloir se mettre d’accord : dans « banane », « abri », « robe »et « absolument », il y a toujours un [b] : en fait ce n’est pas un bruit, c’est un concept !
–Je pense que les enfants repèrent mieux les syllabes !
– Oh oui ! nettement plus facilement ! à tel point que les enfants élaborent tous à un moment de leur réflexion sur la langue écrite, cette hypothèse : et si à une syllabe orale correspondait une lettre ? et si c’était comme ça que ça marchait ? Malheureusement cette belle hypothèse syllabique n’est pas la bonne et il faut les conduire à comprendre le principe alphabétique.
– Donc il faut entraîner les enfants à repérer le phonème à l’oral ?
– Rien qu’à l’oral ? rien qu’en demandant de bien écouter les mots ? Cette façon de faire ne va pas aider ceux qui n’ « entendent » rien ! En fait, la compréhension du phonème se fait grâce à l’écrit, dans ce va-et-vient entre le vu et l’entendu, en observant les mots et en écoutant le bruit qu’ils font : par exemple, en observant et en écoutant ces fameuses paires minimales ! douche /touche, mouche /louche, râteau, /gâteau… C’est en regardant les mots écrits qu’ils vont comprendre ce qu’ils doivent savoir entendre, et c’est en sachant ce qu’ils doivent entendre qu’ils vont pouvoir lire ou écrire des mots ! Le vu et l’entendu !