Dis-moi Sylvie, mon enfant vient d’être « diagnostiqué » Haut Potentiel Intellectuel (HPI) : je suis vraiment très inquiète !

Voilà, à mon sens, un bien curieux ressenti ! Ne devrais-tu pas au contraire te réjouir d’avoir à accompagner un enfant vif, doué, ou surdoué, intellectuellement précoce, à haut potentiel, somme toute intelligent ? GOOGLE, à l’aide !!!

Un enfant ou un zèbre ?
Google, paraît d’emblée d’une aide précieuse et les premiers sites qui apparaissent ont tous à peu près la même teneur. Vraiment désolée… mais à première vue, si tu as lu la même chose que moi, la vie de cet enfant ne va pas être facile !!! Le voilà donc mi super héros, mi Alien, doté d’un odorat exceptionnel, parfois « synesthésique », constamment hyper vigilant, à la pensée tourbillonnante, arborescente, vertigineuse, le cerveau droit en continuelle ébullition. On le décrit encore comme une véritable éponge psycho affective, angoissé et hypersensible aux ressentis des autres et pourtant sans amis, s’ennuyant à l’école, éventuellement perturbateur et pouvant à l’occasion remettre en cause les méthodes d’enseignement : charmant bambin !

De plus, et contre toute attente de la part d’un enfant si intelligent, la réussite scolaire n’est vraiment pas certaine puisque les chiffres, variables il est vrai, prédisent selon les auteurs de 70% à 50% d’échec…

Une autre façon de voir les choses ?
Selon Franck Ramus, et Nicolas Gauvrit, ces opinions alarmistes tiendraient plus du mythe que de la réalité. Prenons, par exemple, la pensée en arborescence décrite pour les enfants HPI : on a coutume de l’évaluer en comptant le nombre de propositions données pour utiliser un objet, par exemple. Si l’on compare l’enfant HPI et celui qui ne l’est pas, ces deux cerveaux font exactement la même chose ! Ils ont tout plein d’idées, l’enfant HPI en aurait juste d’avantage. Le fonctionnement serait donc le même, la productivité pour le HPI simplement augmentée ! Exit le mythe du cerveau droit hypertrophié !

Pour ce qui est de l’anxiété de l’enfant HPI, là aussi il y aurait plus que des doutes : Malgré 14 études rigoureuses menées sur le sujet, aucune ne peut conclure qu’ils seraient plus dépressifs ou stressés que les enfants tout venant.
Enfin, en ce qui concerne l’échec scolaire, on est loin de la catastrophe annoncée puisque tout au contraire le taux d’échec au brevet pour l’ensemble des collégiens est de l’ordre de 13%, quand il ne dépasse pas 1% pour les enfants précoces.

Alors, quelle différence ?
Selon Franck Ramus et les recherches scientifiques auxquelles il fait référence, on observe pour les personnes à Haut Quotient Intellectuel , c’est-à-dire au-dessus de 130 :

  • Une plus grande activation de régions préfrontales et pariétales postérieures ;
  • Une plus grande connectivité fonctionnelle et anatomique, particulièrement entre les deux hémisphères ;
  • Un cerveau plus volumineux ; (même si celui d’Einstein n’était pas bien gros !) et quelques autres particularités mais de manière moins flagrante.

Ceci étant, l’auteur écrit que ces différences ne se retrouvent pas chez tous les HQI d’une part et que d’autre part, si on observe bien de meilleures caractéristiques cérébrales chez les HQI, elles sont logiquement conformes à leurs fonctions cognitives plus performantes. Autrement dit, il existe bien des différences quantitatives mais aucunement qualitatives.

Et maintenant on fait quoi ?
Si on pense avoir à faire à des enfants qui, tout compte fait, ressemblent plus à leurs petits copains qu’ils s’en trouvent éloignés, il n’en reste pas moins vrai que leur intelligence vive mérite une pédagogie avertie.

« Aider à scolariser l’Enfant à Haut Potentiel » sur le site EDUSCOL, réaffirme la mission de l’école qui est de conduire tous les élèves à la réussite. Les professeurs ont aujourd’hui l’habitude de prendre en compte la diversité et les particularités de chacun en proposant une pédagogie différenciée, ce vadémécum peut les y aider. On y trouve à la fois des grilles permettant aux professeurs de repérer l’élève HP (en cours d’évaluation) et de nombreuses pistes d’aménagements : différenciation pédagogique, tutorat par les adultes, enrichissement du parcours, décloisonnement, ou accélération du cursus. Le rôle de chaque acteur y est bien décrit dans le cadre d’un travail en équipe et les outils (PPRE, PAP) expliqués clairement.

Pour terminer, je me permettrais de citer Gabriel Wahl, psychiatre et auteur de Comprendre et prévenir les échecs scolaires (Odile Jacob) et de Les enfants intellectuellement précoces (Que sais-je ? – PUF) :

« En tant que telle, la précocité intellectuelle peut certes bénéficier d’une offre pédagogique personnalisée, mais elle n’impose ni même ne justifie une prise en charge médicale ou psychologique. »

Alors ? rassurée ? HPI bien possible, mais enfant/élève sans le moindre doute !

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