Comme un goût de madeleine
Fouillant le coin littérature enfantine de la librairie, dans l’idée d’offrir un cadeau à ma petite fille (eh oui ! les grands-mères, ça offre des bouquins aux enfants), j’ai fait euh… littéralement ! un bond : c’était oui… physique, viscéral et cérébral en même temps, le cœur qui s’emballe, la gorge qui se noue, la bouche qui tremble et les yeux qui mouillent… Mais dans quel état on peut se mettre parfois ! Et tout ça pour quoi ? :
« La plus mignonne des petites souris » Ed. Père Castor, Flammarion 1953 (pour sa première venue au monde), illustré par Monsieur feu (je suppose) Etienne Morel.
Le même, exactement le même petit album que celui qui avait eu, il y a quelques années, sa place sous mon sapin.
Et la montagne accouche d’une souris
Monsieur et Madame Rongetout ont une fille : Elle n’a pas de prénom dans l’histoire, alors par commodité disons qu’elle s’appelle Sylvie. Ses parents aimants veulent la marier. Mais attention ! pas à n’importe qui car c’est la plus mignonne des petites souris. Elle sait tout faire et elle est en tout point parfaite : il convient donc de lui trouver comme époux le plus puissant personnage du monde. Et voilà Monsieur Rongetout qui part à l’aventure pour trouver à sa petite souris de fille le mari idéal. Il dédaignera le soleil, que le nuage peut cacher, il refusera le nuage que le vent peut chasser, il n’acceptera pas le vent qui ne peut démolir la tour, et tournera le dos à la tour qui se fait ronger chaque jour méthodiquement et implacablement par… par… par … un souriceau. Le souriceau est en conséquence le plus puissant personnage du monde et sera donc le mari de la plus mignonne des petites souris, qui s’appelait Sylvie, on en avait convenu tout à l’heure.
Une histoire passionnante certes, mais pas que
Je ne suis pas sûre que l’argument de l’histoire soit d’une grande modernité pour préparer l’avenir d’une petite fille ! Et même si je parle d’un temps que les moins de 20 ans etc. Je ne suis pas certaine non plus que la souris Sylvie n’avait comme objectif, du haut de ses 6 ans, que de se trouver le mari le plus puissant du monde (même si je dois dire que dans ce domaine-là … mais bon ce n’est pas le sujet). Alors pourquoi un tel émoi ?
Le si beau souvenir du partage
A dire vrai, je ne me rappelle plus si je l’avais aimé tout de suite, d’emblée, ce livre…Même si je trouve encore aujourd’hui les dessins de Monsieur Morel d’une élégance douce et raffinée, il n’est pas certain que cela m’ait rendu « la plus mignonne des petites souris » totalement inoubliable. Ce dont je me souviens, en relisant l’histoire, c’est de la voix de maman, qui me lisait les mots, qui s’arrêtait aussi pour me laisser dire la suite, qui pointait du doigt l’image qui allait avec les phrases, pour pas que je me perde, pour que je comprenne bien. Plus tard, elle avait fait des petites vagues au crayon de papier sous les syllabes des mots écrits, pour qu’à mon tour je m’essaye à dire l’histoire de « la plus mignonne des petites souris ».
Alors, oui au livre sous le sapin mais sachez qu’il vous engage ! Il faudra que le soir, alors que vous rentrerez possiblement épuisé par votre journée de travail, vous trouviez encore l’énergie de vous assoir avec votre petit, pour lire et relire, pour dire et montrer et pour partager les rêves.